soyez à l’écoute

Je ne comprends pas pourquoi il y a autant de gens qui voudraient être à notre place. Ils sont loin d’imaginer tout le bagage qui s’accompagnent à être autochtone.

 

La semaine dernière, un événement est survenu sur les réseaux sociaux qui m’a découragée. Une alliée m’a tagué sur une publication de l’Orchestre symphonique de Sherbrooke. En effet, l’orchestre annonçait leur programmation, affichant une soirée conte et légendes autochtone animée par Patrick Therrien, alias Nia Skweda Sibosimis (traduction de l’abénakis « Je feu mot abénakis qui contient une faute »). Il se dit Métis algonquin.

 

Je rappelle que mon mari est abénakis. Il défend sa culture contre l’usurpation identitaire et l’appropriation culturelle dont sa nation est particulièrement touchée. D’où notre intervention sur la publication. J’ai spécifié entre autres que Patrick Therrien n’était pas autochtone et qu’il avait déjà été dénoncé par la nation abénakise. >Sherbrooke se trouvant sur le territoire ancestral abénakis, plusieurs institutions dont l’université de Sherbrooke travaille étroitement avec les deux communautés d’Odanak et de Wôlinak.

 

Donc suite à nos interventions, l’OSS a changé le nom de l’événement pour « Conte musical mon canot » en retirant le mot autochtone. L’OSS s’est également excusé, ils n’avaient pas l’intention d’offenser qui que ce soit. Je leur répondis qu’il s’agissait plutôt de respecter les nations autochtones, lorsque la thématique autochtone sort, il fallait s’assurer que ça soit un autochtone qui représente l’événement.

 

Donc plus tard ce jour-là, je reçus un message privé de la part de l’agente de communication. Elle m’expliqua que le directeur voulait me contacter, mais je lui dis que mon mari serait le mieux placé pour discuter avec lui, qu’il pourrait lui expliquer leur démarche contre l’appropriation culturelle et identitaire de leur nation sur leur territoire ancestral, etc.  Elle finit par me dire que le directeur devait contacter un autre monsieur qui lui avait parlé d’une façon plus adéquate et moins agressive.

 

Je lui ai donc demandé « Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous m’avez trouvé agressive ? »

 

Au moment où je dis à l’employée de l’OSS que nous allions attendre l’appel du directeur, c’était maintenant à moi d’envoyer mes coordonnées. Alors que plus tôt dans la conversation, elle m’avait dit qu’elle les transmettrait.

 

C’est toujours le même refrain. D’autres pourront en témoigner. Qu’il s’agit de dénoncer une personne blanche se prenant pour un autochtone, dénoncer le racisme, dénoncer les injustices, on se concentre toujours sur notre ton. J’en ai vraiment assez de ce comportement. Du manque d’écoute. Du manque d’ouverture. J’en ai assez qu’on se concentre sur mon ton et qu’on détourne la conversation du vrai problème.

 

Parce que la question ici était : Monsieur Therrien n’est pas autochtone. Son surnom abénakis lui a été donné par une femme, Samanîa. En faisant une recherche rapide sur internet, on réalise très vite qu’elle aussi se prétend autochtone. Elle et son tambour sacré de 400 ans. Pour en revenir à Patrick Therrien, son ancêtre est Marie Sylvestre  Manitouab8ich, une femme née en 1625. Elle est revendiquée par des milliers de Québécois aujourd’hui en recherche identitaire et fait partie de l’équation du phénomène d’autoproclamation autochtone, métis, sans statut au Québec (ceux qui s’autoproclament Métis de l’Est).

 

À part cela, j’ai envie de dire, soyez dont à l’écoute. Lorsque nous dénonçons le racisme, l’appropriation culturelle, parler de nos sœurs disparues et assassinées, etc. Soyez à l’écoute. Notre déception, notre colère n’est pas nécessairement un signe d’agressivité.

 

J’en ai assez de ce jugement facile porter sur nos voix. Pendant plus de 400 ans, nos voix ont été ignorées. Je peux comprendre que l’OSS ignorait l’histoire des autochtones, la situation actuelle des Prentendians ou fauxtochtone. Mais j’aurais souhaité plus d’ouverture et plus de compréhension de leur part. Et qu’on arrête de me traiter comme un problème, comme ç’a toujours été le cas pour le Canada envers les autochtones.

 

Et dans le cas de l’Orchestre Symphonique de Sherbrooke, il semble avoir découvert que la partie la plus difficile des cultures autochtones, ce sont les autochtones qui viennent avec…

 

Ekote, mikwetc !

 

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