L’identité magique des autochtones

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Qui parmi mes lecteurs non-autochtones a déjà entendu dire dans sa famille, que votre grand-mère ou arrière-grand-mère serait autochtone ? Si c’est le cas, quel est le nom de cette grand-mère ? De quel nation et communauté vient-elle ? Quand je rencontre des québécois, il peut arriver qu’il me parle de leur « grand-mère indienne ». Je peux même vous dire la dernière fois que ça m’est arrivé. C’était dans le métro alors que je me rendais au marathon de Montréal Beneva pour mon 10 km.

 

Quand ça se produit, je pose cette question : Elle est de quelle nation ou communauté ? Il peut arriver qu’on me réponde « Iroquois », « Abenakis », « Mi’kmaq » ou encore « Algonquine », mais sans plus de détail. Mais la majorité du temps, on me répond « Je ne sais pas ».  Ils connaissent rarement son nom. Ce que je trouve assez curieux, car cette grand-mère est la mère d’un de leur grands-parents et au fond, leur recherche s’est simplement arrêtée à « Ta grand-mère serait autochtone ».

 

S’ils effectuent une recherche généalogique, il s’avère que cette grand-mère remonte à plusieurs générations et date des années 1600. La plus populaire des ancêtres autochtones est Marie Olivier Manitouabeouich Sylvestre, née en 1625.

 

Trouver un ancêtre autochtone, ce n’est pas comme trouver un ancêtre Français, Russe, Allemand ou Irlandais. Trouver un ancêtre autochtone, c’est le jackpot. Ça transforme la personne en autochtone ou « Métis de l’Est ».

 

(J’ai déjà évoqué le phénomène des Métis de l’Est dans un autre billet, les québécois qui se trouvent un ancêtre autochtone lointain et qui revendiquent une identité « Métis » au même titre que la nation Métis du Manitoba. Mais ils ne sont pas reconnus. La plus récente décision en cour suprême est celle de la « Communauté métisse autochtone de Maniwaki». Le juge n’a pas donné raison par manque de preuve.)

 

Pourtant, plus on remonte son arbre généalogique, plus le nombre d’ancêtre augmente. Donc cet ancêtre des années 1600 est une parmi des milliers d’ancêtre non autochtone. Selon ces individus, ce serait suffisant pour revendiquer une identité et une reconnaissance.

 

Ce qui est fascinant aussi, c’est que ces gens se donnent le droit de dire qu’ils sont plus autochtones que les autochtones eux-mêmes. Tout récemment, une femme de Sherbrooke a publié une vidéo dans laquelle elle s’adressait à mon conjoint en lui disant « I am more native than you ». (Je suis plus autochtone que toi)

 

De plus, ces gens s’approprient une culture qui ne leur appartiennent pas, ils en font même n’importe quoi. Or, il existe 11 nations au Québec et c’est 11 cultures différentes. Il y a certes des similitudes, mais la culture Atikamekw et Abénakise par exemple sont deux cultures distinctes. Mais selon ces individus, ça se résumerait plutôt à une « culture autochtone ». Ils pigent des éléments culturels de plusieurs nations différentes au hasard et les éloignent de leurs significations et protocoles sacrés.

 

Donc en gros, ils se font une idée de ce que dois être l’identité autochtone, mais aussi de ce que doit être un Autochtone, dictant comment il est censé agir et penser. Leur imaginaire a conduit à un Autochtone mystique et magique loin de représenter les Autochtones actuels et authentiques. Sans considérer leurs histoires. Dans cette vision, je ne suis plus Atikamekw Nehirowisiw, mais une « Métissophobe » pour avoir remis en question cette identité « Métis de l’Est ». Car pour eux, un autochtone devient raciste, haineux, violent en posant des questions et en défendant l’intégrité des cultures autochtones.

 

 

Alors que la nation Métis de la Rivière Rouge possède sa propre culture distincte, sa langue et son histoire. Sur le Site Web de Ghost Society Warrior, on peut lire ceci : « Avoir un parent et un parent non-autochtone ne fait pas de vous automatiquement un Métis. De plus, l’idée selon laquelle « Une goutte de sang autochtones » (fais de vous un Métis) est FAUX. » En effet, ceux qui se déclarent "Métis de l'Est" pensent que leur ancêtre autochtone lointain fait d'eux des Métis, alors que ce n'est pas le cas.

 

 

 

Bref, l’identité autochtone c’est magique. Le pouvoir mystique d’un ancêtre autochtone lointain peut traverser 4 siècles de générations en ignorant les ancêtres plus récents avec dédain. Et ne vous méprenez pas. Je n’ai rien contre le fait qu’on s’intéresse à ses ancêtres et qu’on fouille son arbre généalogique. Là où ça devient dérageant, c’est de commencer à revendiquer une identité autochtone et prétendre d’être plus autochtone que les autochtones eux-mêmes. Il y a d’ailleurs un nouveau terme pour désigner ces personnes qui trouvent des ancêtres autochtones lointains : les « Descendien ».

 

On en a pas fini avec ce phénomène malheureusement.

Ekote, Mikwetc !

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